La Roche de Solutré, entre vignes nobles et préhistoire

Ce weekend, je suis allé faire une randonnée en Bourgogne. Plus précisément j’étais dans le sud de la région, en Saône et Loire, à  quelques kilomètres de Mâcon.
Mon point de départ était à  Solutré-Pouilly. Le village de Solutré-Pouilly est connu notamment pour son vin blanc le Pouilly-Fuissé mais aussi par la Roche de Solutré, qui surplombe le village.
Pendant la seconde guerre mondiale, une bande de copains issus de la résistance Française avaient l’habitude de se retrouver à  Solutré, pour Pâques puis à  la Pentecôte. Fraçois Mitterand en faisait parti et depuis 1946, et ce jusqu’au crépuscule de sa vie, il avait l’habitude de faire l’ascension de la roche de Solutré le lundi de Pentecôte. (C’est ce qui est écrit sur la pierre ci dessous que l’on trouve à  l’entrée du site)
Cette ascension sera de plus en plus médiatisée au point qu’en 1992, pour éviter la foule et les journalistes, il gravira la roche voisine, la roche de Vergisson.

Mon chemin allait me mener ensuite au village de Vergisson, avant de rejoindre justement le sommet de la Roche de Vergisson.

Au sujet de ces deux roches voici ce qu’en pensait Lamartine :

Deux navires pétrifiés surplombant une mer de vignes. Alphonse de Lamartine

La Roche de Solutré

La Roche de Vergisson

Ces deux roches, Solutré et Vergisson, sont des escarpements calcaire formés à  l’époque des dinosaures puis par le soulèvement alpin de l’ère tertiaire et les différentes érosions. A la préhistoire, Solutré fut un lieu de chasse alors que Vergisson fut plutôt une zone d’habitat. Le gisement préhistorique de Solutré est l’un des plus riches d’Europe et il a même donné son nom à  un faciès culturel du Paléolithique supérieur, le Solutréen.
Lors de fouilles en 1866, de nombreux ossements de chevaux ont été retrouvés au pieds de la roche et une légende raconte que les Solutréens pourchassaient les chevaux vers le haut de la Roche pour les pousser à  se précipiter dans le vide.
Au pied de la roche, on peut visiter le Musée départemental de Préhistoire. Musée noyé dans le paysage et complètement invisible car recouvert par la végétation. J’aurais bien aimé y aller mais il est actuellement fermé depuis le début d’année pour travaux. Il devrait ré-ouvrir pour cet été. A noter que celui-ci est accessible aux personnes à  mobilité réduites.
La Roche de Solutré (495 m) et la Roche de Vergisson (485 m) sont toutes deux entourées de vignes comme vous pouvez le constater, et à  leur sommet, on peut observer un panorama exceptionnel notamment vers l’est avec une vue sur le Mâconnais, puis la Bresse, les Dombes, le Jura et même le Mont-Blanc quand les conditions météo sont bonnes. Ce jour-là , le ciel était plutôt couvert et je ne voyais guère plus loin que Mâcon. Dommage ! En plus mes photos ne sont pas exceptionnelle avec ce ciel.
Mais aussi coté nord avec de nombreux monts et vignobles dont Vergisson et sa roche (depuis Solutré). L’on voit aussi la « voie romaine » sur laquelle je ferais le retour de ma balade.
Et coté ouest, on peut observer des zones mixtes de vignes, bocages et forêts.

Pour ce qui est de la vue depuis le sommet de Solutré ou Vergisson, je vous invite à  aller voir mon article précédent pour le ten on ten de mai pour continuer la visite.

De là , j’observe ce qui va, ce qui vient, ce qui bouge et surtout ce qui ne bouge pas. François Mitterrand

En plus de cet intérêt géologique et préhistorique, les deux roches sont aussi un espace de diversité biologique remarquable et fragile. On y trouve une faune (Alouette Lulu, Busard St-Martin…) et une flore (pelouses calcicoles, orchidée vulnéraire des montagnes, silène d’Italie, garance voyageuse…) plutôt rare pour la région et caractéristiques de l’influence méridionale. Jusqu’au milieu du 19eme siècle, les agriculteurs menaient leurs troupeaux de chèvres en pâture sur les sommets. Les parcelles étaient alors entretenues et délimitées par des murets de pierre sèche. Mais après la guerre cela a été abandonné et les parcelles de pelouses calcicoles se sont vues colonisées par le buis, le genévrier et le chêne pédonculé.

Pour la faune, j’ai vu pas mal de papillons de toutes les tailles et toutes les couleurs mais impossible de les photographier. J’ai tout de même réussi à  prendre ce petit, tout bleu que j’ai trouvé plutôt au sommet. Sinon j’ai aussi fait une pause « boisson » sous un arbre et mes yeux sont tombés sur des scènes réservées à  un public avertis 😀

Dans le village de Vergisson, sur la place du Martelet, une autre légende raconte qu’il plane encore aujourd’hui l’ombre de la « bête faramine », ou « Peteu de Vergisson ». Un oiseau étrange et terrifiant, que seuls, selon la légende, les chasseurs du village ont su terrasser après une terrible lutte. Les femmes allumèrent alors un grand feu, plumèrent la bête et la buclèrent.

« Quand elle fut plumée, quand elle fut buclée, dites-voir combien elle pesait ? Elle pesait un quarteron ».

Je ne sais pas si la bête est toujours là  ou pas, mais voilà  bien la seule bête que j’ai pu croiser sur cette place. Et ma foi il n’avait pas l’air bien méchant. Il est même venu me dire bonjour et se frotter dans mes pieds 🙂

Coté vignoble, Solutré-Pouilly et Vergisson font parties des quatre communes qui produisent le célèbre vin blanc Pouilly-Fuissé classé AOC. Les deux autres communes sont Fuissé et Chaintré. Le cépage est essentiellement le Chardonnay, et toutes les vignes sont taillés de la même manière, à  savoir la « taille à  queue du Mâconnais ». D’un point de vue gustatif, je ne rentrerais pas dans les détails, car je n’y connais pas grand chose et je ne suis pas un très grand amateur. Et puis je n’étais pas venu pour ça, car je ne pense pas que cela soit bien compatible avec les sentiers escarpés et le volant que je reprenais pour rentrer chez moi le soir ! 🙂
Mais pour les amateurs justement, les nombreux domaines et viticulteurs présent dans le secteur organisent des dégustations dans leurs caves.
A consommer avec modération bien sur (sinon vous risquez de voir la bête faramine 😉 )

Avec toute ces spécificités, le site est donc tout naturellement protégé au titre de la loi sur les sites classés et il est même aujourd’hui au cÅ“ur d’une Opération Grand Site. Le site est aussi très peu aménagé pour garder son aspect naturel et il est donc recommandé de ne pas s’écarter des sentiers balisés afin de préserver au mieux cette richesse pour les générations futures.
Bien sur, et là  j’ouvre un petit « coup de gueule », il serait bien aussi d’éviter d’y laisser vos « ordures » comme j’ai malheureusement pu en voir et aussi éviter de laisser vos mégots de cigarettes. Non seulement, vous monterez plus vite mais en plus, en période de sécheresse, un incendie est vite arrivé et ça éviterait de détruire cette diversité naturelle et aussi de déplacer un régiment de pompiers ! (fin de mon « coup de gueule » 😉 )
Les sentiers sont aussi très escarpés par endroit et la roche peut à  mon avis devenir glissante surtout par jour de pluie, donc autant être un minimum équipé. En tout cas, ils sont très bien balisés.

Avant de prendre la dernière ligne droite pour rejoindre mon point de départ, je suis passé devant ce menhir. Peut-être a-t-il servi de borne ou de carrefour à  l’époque Romaine vu qu’il se situe sur le tracé de la voie Romaine que j’ai donc pris pour remonter. Je n’ai pas trouver d’informations sur ce menhir ! (Obélix si tu m’entends 😉 )

Et voilà , la balade à  travers les vignes, l’histoire et même la préhistoire, est terminée. J’espère qu’elle vous aura plu. En tout cas moi j’ai passé une bonne journée et malgré les dix kilomètres parcourus je n’ai pas vu le temps passé ! Pourtant j’ai pris mon temps. Et puis c’est bien connu, la Bourgogne est aussi la région des escargots et un escargot ça prend son temps non ?

Bon je vous l’accorde celui-ci à  vraiment pris son temps au point de prendre racine 🙂

J’ai pu en savoir un peu plus sur ce coin-là  que je ne connaissais que de part la télé qui nous montrait l’ascension du Président !
De prochaines balades sont prévues un tout petit peu plus loin dans les environs de Pierreclos/Milly-Lamartine puis à  Saint-Point, sur les traces d’Alphonse de Lamartine …

Et vous, vous connaissiez cet endroit ? Vous étiez déjà  venu ?