De l’appel à  mon entrée au bloc

Comme je vous l’ai dit dans mon dernier article (Lire ici), j’ai beaucoup de choses à  vous raconter. Mais tant qu’à  faire, autant commencer mon histoire par le début.

Donc tout d’abord, depuis le 28 mai, suite à  une fatigue généralisée, une perte de poids (5kg), et quelques hémoptysie, j’ai donc été hospitalisé tout d’abord pour une cure IV de 15 jours. Puis on a décidé de me garder plus longtemps afin de me faire reprendre du poids, car en principe l’alimentation de l’hôpital me réussit plutôt bien. Et pour preuve j’ai retrouver mon poids « normal » voir même un peu plus. Par contre je n’avais guère d’activité car j’étais très vite essoufflé. C’était donc : lecture, lecture (vous avez du le voir ;-)), un peu de TV (avec les programmes passionnant de l’été) et internet.
Le vendredi 27, je vois mon médecin avant le weekend, tout allait bien et en partant elle me dit à  lundi. Je lui ai répondu peut être pas… Et elle est sorti en croisant les doigts.
à‰tait-ce un pressentiment ?

Toujours est-il que cette nuit là  (nuit de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres) à  2h04 du matin, la sonnerie de mon téléphone résonne dans ma chambre. Je me demande si je suis en plein rêve ou non. J’ouvre un oeil, puis les deux avant de réaliser en voyant mon téléphone éclairé que cela est bien vrai. Le temps d’enlever le masque de ma VNI et de décrocher, j’ai eu peur d’avoir raté l’appel. Mais non :
« Allô ?, -Allô, bonjour Mr Sébastien B… ?, oui
-Je suis le professeur Jegaden, chirurgien à  Lyon cardio. Je vous appelle car nous avons un greffon qui pourrait vous correspondre. àŠtes vous toujours prêt pour l’intervention ?
-euh oui oui bien sà»r (j’ai la voix toute tremblante… et pas que la voix d’ailleurs !)
-Très bien alors vous en avez pour combien de temps pour venir à  Cardio ?
-En fait je suis pas loin car je suis hospitalisé à  Lyon sud depuis fin mai, le trajet sera vite fait.
-Ah vous étiez hospitalisé. Très bien donc les infirmières vont s’occuper de votre transfert et on vous attends donc à  l’unité 90. A tout à  l’heure.
-Très bien à  tout de suite. merci »

La conversation aura durer 1min15 mais à  ce moment là  c’est la grande panique. Une montée de stress, de peur, le coeur qui bat à  100 à  l’heure, bref tout un mélange qui fait que j’ai du mal à  trouver mes mots. Mais en même temps je suis content car cela fait un an et demi jour pour jour que j’attends ce moment.
Mais pas le temps de traà®ner, je sonne pour avertir l’équipe de nuit. Et puis je me mets à  ranger mes affaires dans ma valise. Tout cela en pensant à  mille choses à  la fois. Le greffon sera-t-il bon ? Est ce que tout va bien se passer ? Vais-je revoir ma famille, mes ami(e)s ? … Je me dis que c’est dommage que je ne puisse pas les voir tous une « dernière » fois avant de partir. Puis je me mets à  penser à  tout les bons moments que j’ai pu avoir dans ma vie et ce depuis tout petit. Les images défilent dans ma tête à  grande vitesse comme un film.
C’est fou comment le temps d’une pensée, on pense à  tellement de choses ! 🙂
Ma valise bouclée, juste le temps de m’asseoir 2 minutes pour me remettre de mes émotions que les ambulanciers sont déjà  à  la porte. Le trajet a été rapide, on a discuter de choses et d’autres dans l’ambulance ce qui m’a permis de me changer les idées.

A 3h nous arrivons dans le service de l’unité 90, ou je suis pris en charge par l’infirmière. Elle m’explique un peu ce qui va se passer. On va me faire une prise de sang, une radio, puis me raser du cou jusqu’à  mi-cuisse (et là  il a fallu du temps :-)) puis je vais prendre une douche à  la bétadine.

A 5h du matin, je suis fin prêt et j’attends donc encore un peu. A ce moment là , je suis beaucoup plus calme et serein, comme si toute la pression du coup de téléphone s’en était allé sous la douche. Je profite de ce temps pour envoyer des messages à  tous mes ami(e)s, à  ma famille… Certains me répondent de suite, d’autres vont m’appeler, surement des insomniaques 😉 mais ça fait plaisir de se sentir soutenu.
Puis j’en profite aussi pour dormir un peu. C’est vers les 9h du matin que j’entends arriver un hélico en me disant que c’est peut-être mon cadeau tant attendu…
Et une heure après, l’anesthésiste vient me voir pour me dire qu’à  priori le greffon est bon mais le chirurgien continue de l’examiner en attendant que l’équipe soit au complet. L’entrée au bloc devrait se faire en fin de matinée.
Du coup j’en profite pour dormir encore un peu faute de pouvoir déjeuner… car je commençais mine de rien à  avoir un petit creux avec toutes ces émotions !

C’est finalement à  11h42 que l’on viendra me chercher pour me descendre au bloc. Juste le temps d’envoyer un texto à  quelques amis : « c’est parti !  »
Et à  partir de là  tout va très très vite. On me fait allonger sur la table d’opération, je regarde un peu autour de moi, je vois les gros projecteurs au plafond puis quelques machines autour, mais j’aurais penser voir plus de choses. Je suis seul avec le chirurgien anesthésiste et on discute un peu de tout et rien. Il m’explique un peu ce qu’il va faire : je vais vous poser un cathéter pour pouvoir vous endormir. Il part 2 minutes puis revient et me dit : bon on va y aller, respirez bien je vais vous endormir,…et je vous revois au réveil en réanimation.

Sur ce je me suis en allé pour un long voyage, la traversée du « tunnel du changement de vie » (voir ici)